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Projet des nouveaux statuts de l'université (Conseils du 29 au 31 janvier 2014)
Version actuelle des statuts de Paris-Lumières (24/2/2014)
Lettre des présidents de Paris 8 et Paris 10 au ministère. Réponse de G. Fioraso aux présidents des universités françaises.
››› Commentaire de Pour Paris 8 !
Nouvelle loi : plus d'élection directe des membres des conseils d'administration des COMUE !
Pétition SLU contre la loi Fioraso (8045 signatures en quatre jours) ; Lettre à Benoit Hamon.

Á lire d'urgence : texte ministériel sur le "second programme d'investissement d'avenir" distinguant, par voie de concours, une dizaine d'établissements d'excellence (une dizaine d'universités ou d'écoles groupées et financées) et les autres. Commentaires

Technologie, idéologie, ineptie


Lettre ouverte à Danièle Tartakowski,
présidente de l’Université Paris 8
Madame la Présidente,
 
Depuis plus de deux ans, les équipes pédagogiques, les secrétariats de diplômes et, par conséquent les étudiants, sont confrontés à d’insupportables difficultés du fait des mauvaises conditions d’implantation de ce logiciel de scolarité qui a pour nom Apogée.
Votre élection à la présidence de l’Université a permis de rompre avec le déni de ces difficultés qui tenait trop souvent lieu de réponse et qui, parfois, a pu atteindre à des sommets d’obscénité. Un audit a été annoncé, ce dont nous ne pouvons que nous féliciter, notamment compte tenu des échéances qui sont nôtres sous l’effet des contraintes impliquées par la nouvelle loi régissant les diplômes universitaires.
Dans l’attente des résultats de cet audit qui, je l’espère, nous permettront d’adopter enfin un logiciel de scolarité répondant à un cahier des charges simple et fonctionnel, je me permets de vous écrire pour protester solennellement contre deux règles de scolarité qui nous sont imposées pour des raisons purement idéologiques et qui me paraissent contrevenir gravement aux intérêts de nos étudiants, et notamment de ceux qui sont contraints d’occuper un emploi salarié tout en poursuivant leurs études.
 
Ces deux règles sont :
1)      la renonciation
2)      le non report des notes inférieures à 10 d’une année à l’autre
 
Madame la Présidente, comme vous le savez, la procédure dite de « renonciation » ne relève en rien d’une contrainte technique, ni d’une obligation ministérielle. Cette décision relève de notre seule volonté et c’est donc à ce titre que, depuis deux ans, l’UFR Arts que j’ai l’honneur de diriger, la conteste. Nous la contestons pour des raisons pratiques, pédagogiques et politiques.
Pratiques, dans la mesure où cette règle complique singulièrement les procédures d’obtention du diplôme. Introduire entre l’examen de la première session et celui du rattrapage une intervention obligatoire de l’étudiant compromet la saisie de la seconde note. Le lot d’informations que nous devons donner aux étudiants, notamment concernant les procédures d’inscription pédagogique, est déjà assez consistant pour ne pas avoir à rajouter ainsi des éléments parasitaires. De fait, si la procédure est directement effectuée par les secrétariats pour les diplômes à faible effectif, pour les diplômes où le nombre d’inscrits se compte par centaines, les secrétariats et responsables pédagogiques se retrouvent régulièrement confrontés à des situations ingérables au moment où se réunissent les jurys, la seconde note, bien que saisie, demeurant hors d’état d’être intégrée dans le PV.
Pédagogiques, dans la mesure où cette renonciation contrevient à la possibilité que peut avoir un étudiant de vouloir améliorer ses résultats, lors même qu’il a obtenu la moyenne. En effet, pour peu que l’évaluation soit pensée autrement que comme une simple sanction, mais qu’elle participe d’un processus d’apprentissage, la seconde session ne se limite pas à proposer une répétition de l’examen, mais implique un travail d’accompagnement auquel tout étudient devrait pouvoir avoir accès, sans avoir à craindre de perdre le bénéfice d’une note déjà obtenue. La règle qui régissait la scolarité jusqu’à l’implantation d’Apogée, à savoir l’inscription de la meilleure des deux notes nous semble correspondre bien mieux à l’esprit des pédagogies mises en chantier dans notre université que cette renonciation aux relents culpabilisateurs pour le moins douteux.
Politiques, dans la mesure où ce sont les étudiants qui sont dans des situations précaires qui sont le plus directement touchés par une telle mesure : ces étudiants pour qui être en université ne va pas de soi ; ces étudiants pour qui nos références et attitudes paraissent souvent relever de logiques obscures ; ces étudiants qui abandonnent trop souvent le cursus qu’ils voulaient suivre faute d’avoir été mis en position de constater une progression dans leurs acquisitions ; ces mêmes étudiants dont, Madame la Présidente, vous avez à cœur de défendre l’accès à l’université.
 
Pour les mêmes raisons, nous contestons la règle du non report d’une note inférieure à la moyenne d’une année sur l’autre. Ici aussi, c’est le public le plus fragile dont la situation est rendue plus précaire encore, c’est-à-dire ceux de nos étudiants qui, notamment pour des raisons économiques, sont contraints de consacrer deux années pour obtenir ses UE, là où un étudiant à plein temps peut effectivement jouir d’une compensation entre les notes qu’il aura obtenues sur une seule année. Il est à ce titre scandaleux qu’un étudiant ayant obtenu un 9 et qui « redouble », se voit contraint de resuivre dans son intégralité ce cours, là où un autre ayant obtenu la même note pourra le faire valider par compensation. Pour une formation à faible effectif, il est toujours possible de surseoir à semblable rupture d’égalité en conservant la mémoire de la note obtenue l’année précédente, mais pour un secrétariat gérant plusieurs centaines d’étudiants, c’est là chose impossible.
 
Madame la Présidente, ces deux règles de scolarité ne font que contribuer à l’échec de nos étudiants. Les raisons sociales, économiques et culturelles qui sont à la source de cet échec sont déjà assez fortes pour que nous ne cherchions pas à les amplifier par des mesures aussi ineptes que celles-ci.
 
Nous demandons que ces règles soient abrogées ou, à défaut, que chaque formation ait la capacité de demander d’en être exemptée.
 
Je vous prie de croire, Madame la Présidente, à l’expression de mes salutations respectueuses et cordiales.
 
Eric Lecerf
Directeur de l’UFR Arts, Philosophie, Esthétique
Élu au Conseil d’Administration


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